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FOUR DE SEREIN |
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Il a été entrepris en 1984. Je suis revenu
au principe des fours de type japonais en concevant un plan original issu de
mon expérience des fours précédents. Je voulais un four à deux chambres
permettant de cuire les deux ou seulement la deuxième. Je voulais aussi, pour
des raisons de place et d’économie (de briques et donc de combustible), qu’il
soit le plus compact possible. Les briques des fours Pointu, récupérées en 1971, qui ont été employées dans mes précédentes constructions, ont été une nouvelle fois utilisées (voûtes, face chaude des murs, du foyer, de la base de la cheminée. Elles tiennent à 1300°C en face chaude, guère plus. Complément par des briques neuves réfractaires – isolantes (1400°C, portes) et des briques isolantes (1000°C, en deuxième couche des murs). Les soubassements du four, la couche extérieure du foyer, la cheminée au dessus de 3m ont été réalisés en briques rouges de construction de Pontigny. Mêmes techniques de construction que les fours précédents : coulis réfractaire pour jointoyer les briques, fondu + chamotte pour les remplissages ; mortier de fondu et granulats réfractaires légers pour les pièces de forme (bouchons par exemple) et les soles des chambres. Voici les photos prises pendant la construction. |
DESCRIPTION :
Ce
four cuit en 10 à 12 heures avec 2 stères et demi de bois maximum. Le
rendement du foyer est excellent. Pas de débraisage,
pas d’air secondaire. J’avais prévu 4 trous de 8x9cm, au dessus de la grille,
en face avant du foyer ; on les voit sur la photo. Je les ai finalement
bouchés car ils n’apportaient rien. Deux seaux de cendre à retirer. Il faut
entre 8 h et 10 h pour monter la première chambre à 1300°C puis 1h30 à 2h pour
remonter la deuxième de 1000°C à 1300°C. PLANS
CONDUITE DE CUISSON J’utilise le plus souvent du chêne ou du
bouleau. Le chêne brûle avec une flamme courte,
bruyante, très chaude. Le bouleau est un bois fabuleux. Il faut bien sûr
qu’il soit fendu vert. Il donne une flamme longue et molle, douce,
silencieuse qui passe bien autour des pots et dispense sa chaleur sans points
chauds comme le chêne. L’acacia, bruyant, est aussi très bon. Voir un exemple de
courbe de suivi de la
température. Petit feu jusqu’à environ 500°C atteints en 4
à 5 heures. Le bois, en gros morceaux au début puis moyens à gros, est
introduit par l’ouverture principale du foyer, sous la grille (1 sur
les plans). Les ouvertures latérales (2) sont bouchées. Montée lente
au début, dépendant du taux d’humidité des pièces ou si l’on fait une cuisson
de dégourdi ou d’émail. Tirage réglé à 5 ou 6/10. Grand feu : A partir de cette
température, on a un beau lit de braises dans le cendrier et on change
d’alimentation : le bois de grosseur moyenne est introduit au dessus de
la grille (3), par petites charges au début, pour éviter une montée
brutale de la température. En effet, les flammes commencent à monter en haut
de la voûte à chaque charge, et à lécher les pots. On augmente
progressivement les charges, « en suivant le feu ». L’ouverture
principale est à moitié obstruée (1) et les deux ouvertures de chaque
côté sont débouchées (2). Globalement, la même quantité d’air entre
dans le foyer, mais plus étalée en largeur. On passe de 500°C à 900°C en moins de deux
heures (t=7h). Je commence alors la réduction pour les céladons et les bleus
de fer. A partir de ce moment, les charges de bois fendu se succèdent à un
rythme qui s’accélère d’abord puis se stabilise, toujours en « suivant
le feu ». Le volume du foyer au dessus de la grille est plus qu’aux ¾
rempli à chaque charge en régime de croisière. La réduction est poursuivie
jusqu’à la fusion de l’émail. A chaque charge, forte production de fumée
noire (combustion très incomplète, productrice de carbone) puis installation
d’une atmosphère réductrice (CO) ; long chemin de flamme assez sombre
traversant les deux chambres ; un peu de fumée à la sortie ; puis
éclaircissement des gaz de combustion (atmosphère neutre à légèrement
oxydante, montée de la température) et raccourcissement du chemin de flamme.
Dès que la flamme ne lèche plus tous les pots de la 1ère chambre,
on recharge. Tirage à 5/10 pour maintenir la réduction et monter tout de même
en température. Autour de 1200°C (t=8h environ), la
température en haut de la murette est plus élevée (une cinquantaine de
degrés) que celle qu’indiquent les montres situées à l’opposé, côté sortie
des gaz. J’alterne alors les charges normales (3) et des charges de
bois introduit par le trou à gauche de la porte (4). Le bois brûle
alors dans la chambre, derrière la murette. Les gaz de combustion donnent
leur chaleur plus loin, ce qui remonte la température à droite (côté montres,
sortie) en stabilisant la température en face chaude. Après une dizaine d’heures, on atteint
1300°C au pyromètre (haut de murette, dans les pots, à gauche), 1280°C en
face, en haut ou en bas. Pas de palier car l’arrivée à cette température est
lente. On passe alors à la deuxième chambre. Deuxième chambre On cuit cette chambre en récupérant une
partie de la chaleur emmagasinée dans la première. L’air qui traverse la
première chambre se réchauffe au contact de la masse incandescente, refroidit
celle-ci, et entre dans la deuxième chambre à plus de 1000°C, peut-être
1100°C. A l’intérieur de la chambre, Il fait un peu moins de 1000°C à droite
(emplacement des montres). Le bois introduit en bouts fendus fin (4)
explose littéralement. Charges rapprochées, montée très rapide de la
température. En moins d’une heure, on atteint 1200°C. Pendant ce temps, la première chambre s’est
bien refroidie. Le pyromètre indique 800°C à 900°C et il fait plus froid en
bas. Il est alors prudent de fermer l’air entrant dans cette première
chambre. Ici intervient le second foyer, sous la
chambre, et la deuxième raison de son existence. En effet, alors qu’une
surface de combustion réduite (derrière la murette) suffisait à monter en
température avec un air entrant à 1000°C, il faut une surface de combustion
presque trois fois plus importante pour apporter autant de calories avec de
l’air admis à 10°C ou 30°C selon la saison (la différence n’est absolument
pas sensible d’ailleurs). L’alimentation se poursuit donc dans ce
foyer en introduisant le bois par la porte (5). L’air est admis par un
tunnel qui en répartit bien l’apport jusqu’au fond. La porte de ce tunnel (7),
plus ou moins ouverte, assure le réglage de cet apport d’air. La porte (6)
est toujours fermée en fonctionnement ; elle ne sert qu’au décendrage. Une charge de temps en temps par l’ouverture
supérieure (4) pour désengorger le foyer du dessous. La combustion se poursuit donc avec
moins de violence mais toujours très vite. Il faut 1h30 pour atteindre 1300°C
dans cette 2ème chambre (montée de 300°C). Arrêt de l’alimentation. Réoxydation éventuelle de 15 à 20 minutes (air ouvert),
selon l’effet désiré sur les pots ‘les céladons ou bleus de fer sont
insensibles à cette réoxydation car ils sont
fondus, donc fermés. Fermeture totale des entrées d’air et du tirage. Fin de
la cuisson. Silence. Douceur de la radiation du four brûlant. Ce four refroidit en trois à quatre jours,
vu son isolation. Les pièces du haut sont encore à 100°C à l’ouverture
prudente et progressive des portes. RÉGLAGE DU TIRAGE Un four de ce type, montant, n’aurait
théoriquement pas besoin d’une cheminée pour fonctionner. Celle-ci étant
obligatoire, il faut réduire son tirage. Il y a deux façons de
procéder : ·
La première
consiste à ouvrir progressivement une prise d’air dans le conduit de la
cheminée. C’était le dispositif du petit four de Chablis. Ce système est
sensible « au début » c'est-à-dire pour diminuer le tirage maximal.
Mais l’effet coupure n’augmente pas proportionnellement avec la taille du
trou et devient vite inefficace. En effet, Les gaz passent, poussés par la
combustion et la pente ascendante du four. ·
La seconde, la plus fréquemment employée, consiste à
obstruer le conduit par une plaque introduite en travers. C’était le système
employé dans le four à flamme renversée de Merry-Sec.
Ce système n’a aucun effet au début ; l’effet coupure est de plus en
plus sensible près de la fermeture complète. Le dispositif de réglage de tirage que j’ai
installé pour ce four-ci combine les deux systèmes. Une plaque (9),
articulée en bas, encastrée dans la paroi intérieure du conduit, masque une
ouverture pratiquée dans ce conduit (8) lorsqu’elle est en position
verticale : tirage maximal. En s’abaissant dans le conduit, elle ouvre
progressivement la prise d’air puis, en basculant, elle finit par obstruer le
conduit. L’effet coupure est d’abord assuré par l’ouverture progressive du trou,
puis relayé par l’obstruction progressive du conduit. Le réglage du tirage,
commandé devant les portes par un renvoi de câble et un système de
contrepoids, est ainsi très régulier et permet une bonne maîtrise de la
montée des flammes dans les chambres, et de l’atmosphère de cuisson. J’ai
gradué le débattement de 0 à 10. Pour éviter une poutre, j’ai dû déporter
l’axe de cheminée. Craignant une différence d’aspiration entre l’avant et
l’arrière, j’ai divisé le conduit en deux et mis en place deux plaques. En réalité,
la différence est peu ou pas sensible (1/10 au maximum). Toutefois, ce double
système me permet de moduler les charges et donc la montée en température
entre l’avant et l’arrière s’il arrive qu’une différence de température
apparaisse (je dispose en fait deux ensembles de montres, en haut, en face du
regard : un plutôt devant et un plutôt au fond). En cours de la cuisson, régime « de
croisière », on ajuste le tirage pour obliger la flamme à bien monter et
lécher le sommet des voûtes. Le bas de la chambre est alors en dépression
(importance d’une bonne étanchéité de la porte ; justification de
l’emplacement assez élevé des trous d’alimentation) et le haut de la chambre
est en surpression (la flamme sort par le regard pratiqué en haut de la porte
si on enlève le verre). Lors de grosses charges, j’augmente parfois
le tirage pour limiter dans le temps cette phase de combustion très
incomplète, où la fumée est très noire, où la température a tendance à
descendre et où l’atmosphère n’est pourtant pas spécialement réductrice.
Après une minute, s’installe un régime stable de combustion réductrice et on
réajuste le tirage. |