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Daniel Raimboux

ÉMAUX

 

MÉTHODE

 

Un émail (couverte, glaçure) est au départ un mélange de produits insolubles, broyés, qui fond à une température inférieure à la température de fusion de ses composants (eutectique).

 

On mélange les produits en suivant une recette ; on ajoute ensuite une masse à peu près égale d’eau ; on obtient une suspension que l’on tamise fin. L’émail prêt à l’emploi a la consistance d’une huile fluide. On pose l’émail sur la pièce crue (mais sèche) ou de préférence sur la pièce dégourdie (première cuisson à 900°C à 1000°C) car l’eau ne peut plus endommager le tesson. La pose de l’émail se fait par trempage, aspersion au pistolet, pinceau. L’eau pénètre dans le tesson poreux ; les produits insolubles mélangés restent à la surface en formant une couche de 1 à 3mm, qui se tient suffisamment bien tant qu’elle est humide, ce qui explique qu’on préfère enfourner les pièces au fur et à mesure qu’on les émaille. Cette couche fond à la cuisson et devient analogue à du verre.

 

La composition d’un émail s’exprime de deux façons : la recette et la formule.

 

Une recette est la liste des produits à mélanger ; les quantités sont exprimées en masse (grammes).

 

La formule de Seger, dite aussi « unitaire » organise les oxydes métalliques présents dans les produits constitutifs de l’émail en trois catégories. Les quantités sont exprimées en moles :

  • à gauche les oxydes de type RO (Na2O, K2O, CaO, MgO) dont le total des quantités en moles est ramené à 1;

  • au milieu, l’alumine Al2O;

  • à droite la silice SiO2.

Les quantités respectives de l’alumine et de la silice, pour RO = 1 mole, sont un bon indicateur de la fusion possible du mélange à la température voulue.

 

Ces quantités dépendent cependant des quantités relatives des oxydes KNaO, CaO, MgO (K2O et Na2O agissent de façon semblable ; on les groupe souvent en les nommant KNaO). Tout cela parait très scientifique mais reste assez empirique car les facteurs qui entrent en jeu sont beaucoup trop nombreux pour espérer une grande précision. C’est tout de même une bonne méthode pour ne pas faire de grosses erreurs et arriver vite à une recette correcte.

 

On peut passer de la recette à la formule et inversement en choisissant les produits. Je ne développe pas davantage ; il existe de nombreux livres où l’on trouve toutes les explications.

 

Je me réfère à celui de Daniel de Montmollin : « Pratique des émaux de grès » édité par La Revue de la Céramique et du Verre.

 

Cet ouvrage de référence présente une soixantaine de diagrammes de fusion. Chacun d’eux correspond à un rapport entre les oxydes de type RO et porte un numéro. Il se présente sous la forme d’une courbe tracée sur un graphique : quantité d’alumine (en moles) en abscisse et de silice en ordonnée).

 

 

Un point de ce graphique correspond donc à une formule unitaire donnée.

 

En principe, si le point est sur la courbe ou proche, l’émail fond à 1280°C. A l’intérieur, il est plus fusible, à l’extérieur plus dur.

 

Ci-contre, la reproduction (*) du diagramme 17 (0,8 CaO ; 0,2 KNaO).

 

Les émaux N3 et CL10 y sont représentés.

 

Le CL10 a pour formule unitaire :

CaO 0,8 - KNaO 0,2 - Al2O3 0,5 - SiO2 3

 

(*) Avec l’aimable autorisation de D. de Montmollin.

Les couleurs obtenues sont liées aux oxydes métalliques présents dans les composants de l’émail ou rajoutés (oxydes de fer, manganèse, chrome, titane ; carbonates de cuivre, cobalt).

La température de cuisson, l’atmosphère (plus ou moins réductrice, neutre ou oxydante), la composition de l’émail, sont autant de facteurs de développement d’une couleur ou d’une autre. L’oxyde de fer peut par exemple donner des bruns, des noirs, des bleus, des verts, des jaunes. Les ouvrages mentionnés en bibliographie donnent toutes les pistes de recherche. La cuisson au bois projette sur les pots des cendres qui modulent ou modifient la couleur et la texture.

 

PRODUITS

 

Ci-dessous, la liste des produits que j’emploie et leur composition en masse qui est utilisée pour l’établissement des formules unitaires à partir des recettes.

 

Produit

Symbole

K2O

Na2O

CaO

MgO

BaO

Al2O3

SiO2

B2O3

Fe2O3

Somme

Feldspath potassique

FP

10,5

2,7

0,2

0,15

0

18

68,2

0

0,12

99,87

Feldspath sodique

FS

1

9

1

0,23

0

18

70

0

0,1

99,33

Pegmatite

FM

7,12

0,34

0,04

0,03

0

11,1

80,12

0

0,11

98,86

Feldsppath lithique

FL

4

2,25

0,16

0,08

0

17,4

70,8

0

0,19

94,88

Syénite néphélinique

SY

9

8,2

1

0

0

24,4

55,8

0

0,1

98,5

Kaolin

KA

2,3

0,1

0

0,3

0

36,5

48

0

0,7

87,9

Kaolin calciné (molochite)

KC

2

0,1

0,06

0,31

0

42

54,5

0

0,75

99,72

Alumine calcinée

AL

0

0

0

0

0

99,9

0

0

0

99,9

Silice

SI

0

0

0

0

0

0,3

99,6

0

0,015

99,915

Carbonate de calcium

CA

0

0

55,5

0

0

0,25

0,5

0

0,15

56,4

Carbonate de magnésium

MG

0

0

3,5

43

0

0,3

4

0

0,15

50,95

Carbonate de baryum

BA

0

0

0

0

77,7

0

0

0

0

77,7

Talc

TA

0

0

0,17

30

0

1,3

53

0

0,5

84,97

Borocalcite

BO

0

0

28,5

0

0

0

0

46,3

0

74,8

Colémanite

CO

0

1,2

26

1,5

0

0

4,5

42

0,5

75,7

Dolomie

DO

0

0

31

20

0

0,1

0,05

0

0,01

51,16

Silicate de Zirconium

ZI

0

0

0

0

0

0,5

36,75

0

0,1

37,35

Cendre commune

CE

4,04

0,5

39,67

2,31

0

2,09

15,75

0

0,94

65,3

Terre MJ Solargil

MJ

0,7

0,11

0,45

0,4

0

17,31

68,81

0

2,95

90,73

Terre GSA Solargil

GA

1,68

0,32

0,22

0,15

0

19,22

66,3

0

1,41

89,3

Terre des Perchers

TE

2

0,3

0,1

0,4

0

18,7

67,4

0

1,9

90,8

Porcelaine TM 10

TM

3,02

1,43

1,11

0,73

0

26,03

58,23

0

0,43

90,98

Tesson de porcelaine

TP

3,4

0,6

0,8

0,15

0

26

60

0

0,4

91,35

Ocre de Puisaye

OC

1,43

0,2

0,21

0,45

0

17,34

49,86

0

20,25

89,74

Oxyde de fer rouge

FE

0

0

0

0

0

0

0

0

100

100


FORMULES

 

Voici les compositions de 24 émaux  parmi ceux que j’utilise sur grès cuisant de 1280°C à 1300°C :

6  CÉLADONS

6  ÉMAUX NOIRS

6  ÉMAUX BLANCS

6  AUTRES FORMULES